Rénover une longère : nos conseils pour avoir une longueur d’avance !
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Qu’elle soit bretonne ou normande, la longère séduit par son charme ancien et sa morphologie unique en son genre. Rénover une longère, c’est relever le défi d’allier charme et histoire, modernité et fonctionnalité, en tenant compte des besoins de notre époque. C’est justement votre prochain projet ? Atouts à exploiter, contraintes à prendre en compte et points de vigilance : on vous guide dans la réhabilitation de votre bâtisse.
Qu’est-ce qu’une longère ?
Avant de se lancer dans les travaux de rénovation, un petit détour par la définition de la longère et des éléments qui la caractérisent s’impose.
Cette habitation rurale, autrefois destinée aux paysans et artisans très modestes, s’est principalement développée au XIX siècle. On la retrouve surtout dans l’Ouest de la France, notamment en Normandie et en Bretagne.
Facile à reconnaître, la longère se distingue principalement par sa morphologie : pensée toute en longueur, cette maison ancienne présente la particularité de se développer en suivant l’axe de la panne faîtière.
Généralement étroite et de plain-pied, la longère est très souvent orientée au sud, ce qui lui permet d’optimiser les apports solaires et de limiter les déperditions thermiques, selon les principes de conception bioclimatique qui présidaient naturellement à toutes les constructions anciennes… Dans la même logique, l’absence d’ouverture ou la présence d’espaces tampons au nord de la maison a pour but de la protéger du froid et des vents dominants.
Cette bâtisse se distingue également par les matériaux qui la composent, puisés dans les ressources locales pour des raisons évidentes de praticité.
En Normandie, par exemple, la maison est à colombages (ossature en bois et hourdage) et son toit est recouvert de chaume ou de tuile. Il n’est d’ailleurs pas rare de retrouver un faîtage d’iris sur le haut de sa toiture. Les solins, qui en assurent l’étanchéité, sont la plupart du temps réalisés en silex, ou plus rarement en pierre calcaire.
Quant à la longère bretonne, ses murs sont le plus souvent composés de granit, et son toit, anciennement recouvert de chaume, est désormais constitué d’ardoise.
Première étape : le diagnostic de la longère
Se lancer dans la rénovation de votre longère est l’occasion de considérer aussi bien les points forts que les points faibles de la maison. Les différents diagnostics réalisés vous permettront de cibler de manière précise les points d’amélioration de votre maison et d’entreprendre les travaux nécessaires.
Le diagnostic environnemental
Avant d’aborder l’organisation des espaces ainsi que le confort thermique et acoustique, il y a une étape à ne surtout pas manquer : le diagnostic environnemental. Votre longère est-elle située dans une zone inondable ? Le terrain permet-il une évacuation correcte des eaux pluviales ?
Ces points méritent une attention toute particulière de votre part, la longère étant une habitation de plain-pied que l’on rencontre souvent sous des latitudes pluvieuses…
Faites réaliser ce diagnostic par un professionnel qui sera en mesure d’identifier les faiblesses de votre terrain et de vous préconiser les solutions adéquates – la mise en place d’un système de drainage efficace, par exemple - pour résoudre les éventuels désordres.
Le diagnostic de la maison : points de vigilance particuliers
Une fois le diagnostic environnemental réalisé, place à l’étude du bâtiment et de ses éventuelles faiblesses.
Principale source de désordres dans les maisons anciennes, l’humidité et ses impacts éventuels sur la structure de votre longère sont des points à contrôler en priorité. Contrairement aux constructions nouvelles, les matériaux utilisés dans le bâti ancien sont généralement poreux et laissent plus facilement migrer l’humidité. Intempéries sur une façade avec un enduit dégradé, remontées capillaires dans les murs, condensation de vapeur d’eau dans les murs ou la toiture provenant des activités humaines, peuvent endommager la structure de votre bâtisse : il faudra donc vérifier que cette dernière est saine, et le cas échéant, la renforcer et la traiter avec des solutions techniques adaptées à sa composition. Cette étape de traitement de la structure de votre maison, qui suppose parfois des travaux assez lourds, doit impérativement être effectuée avant d’attaquer les travaux de réhabilitation et de réaménagement intérieur.
Les longères étant bien souvent dépourvues de tout système de ventilation, le renouvellement d’air se fait en grande partie grâce aux infiltrations d’air parasites situées au pourtour des menuiseries. Si ces infiltrations permettent une ventilation naturelle de la maison – et donc contribuent à atténuer les impacts d’un excès d’humidité -, elles représentent également d’importantes déperditions énergétiques qui peuvent vite faire gonfler vos factures énergétiques.
Ces problèmes d’infiltrations pourront être résolus par le changement des menuiseries. De même, l’isolation des murs et de la toiture vous permettra de gagner en confort et en efficacité énergétique.
Par contre, il faudra veiller à adapter le système de ventilation en conséquence afin d’assurer le renouvellement de l’air et d’éviter qu’un excès d’humidité ne vienne détériorer vos murs.
Vous l’aurez compris, le triptyque isolation-étanchéité-ventilation, associé à une structure de bâtiment saine est un point de vigilance cruciale pour une rénovation de longère pérenne, et le choix des solutions techniques adaptées suppose une bonne connaissance du bâti traditionnel et un diagnostic fin de l’existant. N’hésitez pas à demander conseil auprès du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de votre commune.
L’état des lieux global
Toiture, charpente, isolation des murs, réseau électrique, plomberie et système d’assainissement sont autant d’éléments qui méritent également d’être contrôlés avant de vous engager dans votre projet de rénovation. Afin de bien mesurer l’étendue des travaux et de pouvoir définir un budget, il est préférable de faire réaliser un état des lieux complet de votre maison par un artisan qualifié.
Une rénovation synonyme de confort et d’économies d’énergie
Avant de se lancer dans le remplacement des installations de chauffage, il est important de vérifier si la longère est bien isolée. Revue des points de faiblesse fréquemment rencontrés dans ce type de maison.
Les planchers
Dans la plupart des longères, les fondations sont inexistantes : le sol, initialement en terre battue, est alors recouvert de carreaux de terre cuite ou de tomettes.
Les murs, directement posés sur le sol, ne possèdent pas de rupture de capillarité à leur base. C’est pourquoi il est indispensable de diminuer au maximum le taux d’humidité en pied de mur, en constituant un sol qui favorisera l’évaporation sur toute la surface de la pièce.
Pour cela, il est souvent recommandé de mettre en place un hérisson : cet ensemble de cailloux, situé au niveau du plancher, a pour rôle d’empêcher l’eau de remonter par capillarité tout en la drainant. Afin de bien évacuer l’eau pluviale, assurez-vous également que votre bâtisse dispose de gouttières, et le cas échéant, faites poser un système de drains à son pourtour.
Si vous envisagez de changer le revêtement de sol de votre longère, la réalisation d’une chape vous permettra de réaliser un sol plan et stable. Vous pouvez opter pour une chape maigre de pose à la chaux, qui conviendra aux revêtements en terre cuite ou en pierre naturelle. Vous avez également la possibilité de faire réaliser une chape isolante composée d’une dalle de chaux et de billes d’argile.
Vous souhaitez conserver le charme des tomettes d’origine ? La dépose et la repose de ces éléments plein de cachet n’est pas toujours évidente, surtout si elles ont été collées : un professionnel pourra juger de la faisabilité de votre projet et vous conseiller la meilleure option.
Les murs en colombage ou en pierres
L’un des atouts majeurs de la longère réside dans son bâti robuste composé de pierres grossièrement taillées ou de colombage et de moellons apparents : ses murs à haute inertie thermique lui permettent de stocker la chaleur en hiver et la fraîcheur en été.
Afin de ne pas perdre le cachet de l’ancien, il est donc préférable de procéder à une isolation par l’intérieur (ITI). Deux options s’offrent à vous : la première étant de faire poser une membrane pare vapeur associée à un isolant performant qui soit adapté à la capillarité des murs de la bâtisse. La seconde option, qui présente l’avantage de conserver l’inertie thermique de la paroi, consiste à réaliser une correction thermique à l’aide d’un enduit composé de terre et de chaux, matériaux compatibles avec le fonctionnement hygrométrique des murs anciens.
Coté extérieur, faites d’une pierre deux coups en faisant reprendre les joints entre les pierres et pans de bois à l’aide d’un mélange fait de sable, de chaux et de ciment blanc. En plus d’améliorer l’étanchéité de votre façade, c’est un bon moyen de lui donner un nouvel éclat !
Vous ne souhaitez pas dénaturer les murs intérieurs de votre maison ? Dans ce cas-là, il vous faudra vous orienter vers une solution architecturale, en repensant les espaces et leur configuration, et en choisissant un mode de chauffage performant avec des émetteurs à basse température.
Ventilation, chauffage : du côté des équipements…
Une fois votre longère isolée, il faudra adapter les systèmes de ventilation et de chauffage en conséquence.
Un système de ventilation reste indispensable pour évacuer le CO2, les polluants divers et la vapeur d’eau en excès, même dans un bâtiment perspirant. La mise en œuvre d’une Ventilation Mécanique Contrôlée (VMC) double flux est souvent complexe à mettre en place dans une bâtisse ancienne, du fait du réseau de gaines nécessaire : ce système est plus souvent réservé aux rénovations lourdes. La VMC hygro B semble être un bon compromis. Les entrées et extractions d'air modulent leur ouverture en fonction du taux d'humidité de la pièce, le débit est donc adapté aux besoins. Pour limiter l’impact esthétique, la sortie du conduit d’air vicié pourra être camouflée dans un conduit de cheminée décorative.
Côté chauffage, il faudra prendre en compte toutes les caractéristiques de la longère : son orientation, la nature et la surface des pièces ainsi que la proximité des sources d’énergie.
Vous disposez d’un réseau hydraulique avec une chaudière peu performante ? Le remplacement de celle-ci et la mise en place d’émetteurs basse température vous assurera un bon confort. Vous pouvez également investiguer la possibilité d’installer un système solaire combiné qui produira chauffage et eau chaude sanitaire. Si vous êtes amené à refaire le sol, profitez-en pour investir dans un système de plancher chauffant : en plus d’assurer une diffusion homogène de la chaleur, cette option ouvrira les possibilités d’aménagement, de par l’absence de radiateurs.
Si vous ne disposez pas de réseau hydraulique, l’électricité conventionnelle ou l’énergie solaire, combinée à un chauffage d’appoint par poêle ou insert sont des options intéressantes.
Réaménager l’espace
L’espace intérieur d’une longère s’organise généralement selon une succession de pièces en enfilade, une configuration qui n’est pas forcément la mieux adaptée à nos modes de vie actuels. Voici quelques conseils pour repenser les espaces de votre longère sans la dénaturer.
Décloisonner pour mieux circuler…
Si vous avez des envies d’espace, pourquoi ne pas créer une vaste pièce à vivre rassemblant la cuisine, le salon et la salle-à-manger ?
Pour cela, plusieurs cloisons devront disparaître : il est essentiel de faire réaliser une étude de structure avant de les supprimer, afin de s’assurer qu’elles ne sont pas porteuses et, si elles le sont, de prévoir les renforcements de structure nécessaires.
Ensuite, libre à vous de délimiter chaque espace sans casser le volume : verrière d’architecte, meuble-bar, estrade, bibliothèque… En matière d’aménagement d’espace, les options sont infinies.
Si la hauteur sous plafond, plutôt basse dans ce genre de bâtisse, donnera un côté à la fois cosy et chaleureux à votre intérieur, ce décloisonnement de l’espace suppose tout de même de revoir le dimensionnement des radiateurs, afin que vous puissiez chauffer cette pièce à vivre facilement.
Tirer le meilleur parti des combles
Si autrefois les habitants se contentaient d’en occuper le rez-de-chaussée, les combles de longère sont bien souvent aménageables : de précieux mètres carrés dont il serait dommage de se priver !
Avant toute chose, il est indispensable de faire réaliser un état des lieux par un professionnel. En plus de contrôler l’état de votre charpente et de votre plancher, ce dernier vous orientera vers la technique d’isolation de toiture la plus adaptée à votre longère. Sur ce type de maison ancienne, il est plutôt conseillé d’isoler par l’intérieur pour préserver le charme de la couverture existante. Toutefois, si celle-ci doit être refaite, une isolation par l’extérieur peut être préconisée, en fonction des matériaux autorisés par le plan local d’urbanisme.
La toiture de votre maison est recouverte de chaume ? Elle possède déjà un fort pouvoir isolant ! Si nécessaire, une légère isolation peut se faire par l’intérieur afin d’améliorer la performance énergétique du bâtiment et atteindre des objectifs énergétiques plus ambitieux.
Si l’aménagement des combles augmente la surface habitable de votre maison, il va souvent de pair avec la création d’ouvertures, afin d’apporter de la lumière à ce nouvel espace de vie. Fenêtres de toit, fenêtres bandeaux : à vous de choisir la solution la plus adaptée à la fois à votre besoin en lumière et à la configuration de votre toiture.
A noter : si vous choisissez d’orienter vos fenêtres de toit plein sud, pensez à faire installer des protections solaires extérieures afin de limiter la surchauffe en été.
Les fenêtres ne seront pas les seules ouvertures à prévoir : l’emplacement de votre futur escalier mérite lui aussi une attention toute particulière.
Si vous souhaitez desservir les pièces maîtresses de la maison sans empiéter sur vos espaces de vie, privilégiez l’escalier en colimaçon : peu encombrant et élégant, il se fondra parfaitement dans votre intérieur. En plus d’apporter une touche industrielle à votre intérieur, l’escalier en métal se mariera par exemple très bien avec la pierre apparente et le verre.
En revanche, optez plutôt pour l’option en bois si vous souhaitez conserver l’esprit rustique et chaleureux de la longère.
Dans le cas où l’aménagement des combles est rendu impossible par un manque de hauteur sous plafond, pensez à faire réaliser une isolation des combles perdus.
Faire entrer la lumière
Pensée pour se préserver du froid extérieur, la longère a été conçue avec des plafonds assez bas et des ouvertures de petite taille. Revoir la dimension des ouvertures à la hausse vous permettra de laisser entrer le maximum de lumière naturelle, et de profiter pleinement du décor.
Pour concilier le charme de l’ancien et le confort contemporain, optez plutôt pour des reproductions de menuiseries anciennes avec un vitrage performant.
Au rez-de-chaussée, vous pouvez élargir celles qui existent déjà. L’étroite porte d’entrée, par exemple, peut laisser place à une porte plus large qui desservira la terrasse orientée au sud.
A l’étage, n’hésitez pas à exploiter les ouvertures existantes dans les murs (les anciennes portes au niveau des pignons) pour amener de la lumière dans les combles.
A noter : l’isolement de la longère en fait une cible de choix pour les personnes mal intentionnées. Faites poser des volets si la vôtre en est dépourvue, et investissez dans des vitrages anti-effraction.
Rénover un bâtiment de caractère : les nécessaires démarches et autorisations
Rénovation de la façade, de la toiture, création ou élargissement de fenêtres… Il y a de fortes chances pour que votre projet de rénovation impacte l’aspect extérieur de votre longère, et suppose donc de demander des autorisations de travaux préalables.
Afin de ne pas dénaturer le caractère patrimonial du bâtiment et de mettre toutes les chances de votre côté pour l’obtention de ces autorisations, n’hésitez pas à consulter votre PLU afin de voir ce que vous êtes en droit de faire, et de vous orienter vers les bons choix. Dernier point à noter : si votre longère est classée monument historique, vous n’aurez d’autres choix que de faire appel à un architecte spécialisé pour réaliser ce type de travaux.